Dans la série “les copains ont du talent”, après l’article interview de Valentin de “la falaise qui rougit”, je vous présente Gonzague Gru, co-fondateur d’Uzaje. Il n’en est pas à son coup d’essai, c’est le genre de gars franc du collier qui va “emmener” un projet de l’idée à sa réalisation. Je vous laisse juger par vous même :
Bonjour Gonzague, Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Gonzague Gru, j'ai 34 ans, je suis marié et j’ai 2 petite filles.
Tu es le fondateur d’Uzaje, mais c’est quoi ?
Uzaje est un acteur industriel du réemploi d’emballage.
La question qui suit est “qu’est ce que le réemploi?” C’est le fait de venir réutiliser un objet et donc de prolonger sa vie tout en réduisant les déchets. C’est une solution d’économie circulaire dont l’exemple le plus connu est la consigne.
Concrètement, nous construisons des laveries industrielles où nous venons laver massivement des contenants, à majorité alimentaires, comme des bouteilles, des bocaux, des couverts etc afin de les réutiliser. C’est beaucoup plus vertueux écologiquement que l’usage unique.
Nos clients sont majoritairement en restauration (collective et rapide) ainsi que dans l’industrie agroalimentaire. Nous les aidons à sortir du tout jetable et les emmenant vers le réemploi et en l'opérant pour eux. C’est une réelle attente de leur part car le consommateur cherche de plus en plus à minimiser son impact, comme nous le voyons dans l’explosion de la vente en vrac et la loi contraint et interdit de plus en plus de solution jetables polluantes. Le réemploi permet de répondre à ces deux injonctions.
C’est ta première aventure entrepreneuriale ?
Non. J’ai co-fondé une première boite en "indoor farming” qui s’appelle Agricool en 2015. Son but est d’apporter des fruits et légumes ultra frais et sans pesticide au cœur des villes. J’ai quitté l'opérationnel d’Agricool en 2018, tout en restant au conseil d’administration depuis. J’avais à cœur de relancer une boite qui a du sens comme Agricool.
Quelles sont les valeurs d’Uzaje ?
La valeur principale est environnementale et c’est celle qui nous a rassemblé.
La gestion actuelle de nos déchets est problématique car en circuit ouvert. Concrètement, la grosse majorité de ceux-ci sont enfouis ou incinérés et donc perdus. Ce constat nous dérange fortement car nos ressources ne sont pas illimitées et que cette gestion contribue à la pollution de notre planète (atteinte à la biodiversité, eutrophisation des ressources dont l’eau, bilan carbone désastreux..).
Ils existent des solutions bien plus vertueuses et surtout circulaires comme le réemploi et c’est ce pourquoi nous nous battons.
Nous cherchons également l’impact et donc de faire les choses à l'échelle industrielle afin de contribuer fortement à l’amélioration de la situation. Nous voulons bien entendu une activité économiquement viable pour ne pas dépendre des subventions et surtout, que le modèle puisse se dupliquer sans limite.
Enfin, nous sommes une entreprise à mission de l’économie sociale et solidaire et avons un agrément Esus. Nous nous obligeons donc, par exemple, à avoir un comité indépendant qui vient juger de la pertinence de nos activités tous les ans d’un point de vue écologique et social ou de recruter un maximum de personnes en réinsertion dans nos centres de lavage. C’était important pour nous d’avoir cette approche et sommes fiers de l’avoir mise en place.
Tu es le seul associé ? Quel a été l’élément déclencheur ?
Non, nous sommes 2 associés, Emmanuel et moi. Emmanuel est l’ancien directeur général de Saint-Gobain Verre.
Nous nous sommes retrouvés sur le projet car tous 2 travaillons sur un moyen de construire un modèle écologique et viable sur le réemploi, même si nous ne nous concentrions pas sur les mêmes secteurs au départ. C’est Emmanuel qui m’a proposé d’unir nos forces et nos complémentarités pour gagner ce combat. Ça dure depuis plus de 2 ans désormais.
Pourquoi ça marche ? Je pense que l’attelage est intéressant car on se complète. Il apporte une expertise dans l’emballage, une expérience des grands groupes et de ses codes. Il a aussi beaucoup travaillé sur des projets industriels avec les banques ou des pouvoirs publics. De mon côté, j’ai l'expérience de la start-up industrielle, de l’hypercroissance et des autres problématiques attenantes ainsi que le réseau dans ce sens.
Quel était le pitch de départ ? ça a beaucoup changé ?
Le pitch a peu changé. On a surtout pu affiner notre approche et sommes plus focus dans ce que nous faisons. Concrètement, on ratissait large au début et on sait désormais où on doit se concentrer car nous maîtrisons notre secteur et nos forces.
Raconte-nous un peu ta première année ?
Difficile de passer à côté du covid quand il est dans ta 1ère année, surtout quand la plus grosse partie de ton activité est en restauration ! Comme tout le monde, le plus compliqué était de ne pas savoir du tout ce qui allait arriver et combien de temps cela allait prendre. Et puis finalement, ça n’a pas été tant dommageable que cela. Effectivement, notre C.A. était proche de zéro mais on avait des clients et prospects qui n'avaient jamais eu autant de temps devant eux. Cela nous a permis de travailler et affiner des business model avec eux. La reprise a été au dessus de ce qu’on attendait. Le consommateur avait encore plus besoin de sens dans sa façon de consommer et poussait nos clients à se réinventer sur ce sujet. On fini au-dessus de nos objectifs de BP sur nos 2 premières clôtures donc on est content mais c'était pas gagné.
Raconte-nous ton premier succès avec Uzaje.
Je n’ai pas un événement qui me vient en tête mais comme tu le vois, j’aime l’environnement industriel et son aspect concret. Donc les moments qui me font jubiler sont souvent liés à cela: la 1ère machine installée, la première palette de bouteille lavée livrée et facturée, le 2ème site ouvert…
C’est les moments où tu te dis que ton travail et tes croyances prennent forme. Ces pots lavés qui repartent correspondent à autant de déchets sauvés et donc un geste de plus dans le bon sens pour la planète. Ce sont aussi des étapes cochées sur la route, longue, de ta vision pour l’entreprise.
Ton premier échec ?
C’est intimement lié au point du dessus. Je n’en ai pas un véritable qui me vient mais tous les événements qui m’ont fait prendre du retard sur mon objectif me marquent et j’essaye toujours de les borner pour les fois d’après. Un retard de livraison machine, un fournisseur défaillant qui te fait perdre du temps et livrer en retard un client, un plan mal ficelé où c’était lisible que ça ne passerait pas…
Je me force à capitaliser là- dessus. On en fera tous des erreurs, toujours, mais ce qu’on ne doit pas s’autoriser, c’est de les reproduire.
C’est quoi ce qui a été le plus dur pour toi ?
Le plus dur est de bien se connaître, de ne pas se surestimer et de ne pas se sous estimer. Je pense que c’est valable pour la plupart des entrepreneurs et que l'expérience nous aide sur ce point.
L'entrepreneuriat est un marathon et non un sprint et se connaître est primordial.
Equilibre vie pro / vie privé, ne pas se laisser submerger par l’activité, garder le la bande passante toujours pour les imprévus, sortir de l'opérationnel et être toujours sur le coup d’après, savoir dire non, savoir déléguer, savoir mettre son ego de côté, se remettre en question, continuer toujours à apprendre…
Derrière cet inventaire à la Prévert, non exhaustif, il y a l’idée sous-jacente de ne jamais devenir le goulot d'étranglement de sa propre boîte ou de son poste et donc de prendre toutes les dispositions pour l'éviter.
Prenons les 2 premiers points pour illustrer : si je déséquilibre trop le vie pro/ vie privé (personne n’a les mêmes besoins donc impossible de donner une règle d’or), je peux devenir aigri, avoir trop la tête dans le guidon et d’être incapable de me projeter voir pire, risquer le burn out. 3 situations qui peuvent devenir catastrophiques pour l’entreprise.
2eme, si je suis au taquet de mon emploi du temps et j’ai effectivement l’impression de bien bosser. Mais que se passe-t-il si j’ai un énorme pépin, un nouveau gros contrat ou besoin qui tombe ou n’importe quel imprévu qui font le quotidien des entrepreneurs? Je ne peux pas y faire face et donc je ralentis la boîte. Ça reste bien entendu pragmatique et on aura tous toujours des rushs mais il faut s’obliger cette réflexion pour que cela ne devienne pas la norme
On peut ainsi faire la liste entière et voir le risque que cela peut faire peser sur l’entreprise. D’où cette obsession de se connaître au mieux afin d'éviter ces situations.
Comment vous êtes vous financés jusque là ?
Les associés ont apporté au capital pour le départ ce qui nous a permis de commencer. Nous avons ensuite rapidement fait du chiffre d’affaires, contracté de la dette et touché des subventions pour nous aider à créer cette solution vertueuse. Cela a contribué à notre financement. Nous avançons actuellement sur une levée de fond pour accélérer notre développement.
Peux-tu donner aux lecteurs un conseil “actionnable” ?
Je vais tricher en en disant un qui en induit plein d’autres: “sortez de votre zone de confort !”
Ça se traduit a plein de niveau:
Apprenez continuellement, remettez vous en cause, challengez vous. Sortez au maximum de vos certitudes. Des phrases comme “on a toujours fait comme ça” doivent être les détonateurs de la remise en cause.
Tentez. “Une idée sans exécution est un songe” disait Saint Simon. Prenez des risques, essayez si vous y croyez. Au pire, vous apprendrez et vous en sortirez grandi
N’ayez pas peur. Edison disait que le meilleur moyen de réussir est toujours d’essayer encore une fois. N’oubliez pas que si la montagne paraît toujours extrêmement haute, ça reste un enchaînement de petites marches accessibles. Lancez vous
Merci à Gonzague pour cet interview. Si vous voulez en savoir plus sur Uzaje, n’hésitez pas à aller voir leur site : https://uzaje.com/.
Comme vous l’aurez compris dans cet article, Uzaje grandit donc n’hésitez pas à consulter leurs offres d’emploi 👇https://www.welcometothejungle.com/fr/companies/uzaje/jobs
Dans le prochain article, je vous expliquerai : comment avec 2 copains on a décidé de racheter un bar, notre rencontre avec Claire qui en a pris la gérance, les débuts en plein confinement, … bref l’histoire du Café Pinson - Amiens.
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